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Qui sont les pauvres en France ?

24 décembre 2016 - La moitié des pauvres ont moins de trente ans, autant disposent au maximum du brevet des collèges, plus d’un quart vivent au sein d’une famille monoparentale. Portrait de la pauvreté en France.


Plutôt jeune, vivant en famille, peu diplômé, ouvrier ou employé : voici le portrait robot d’une personne pauvre. Le plus souvent, on mesure la proportion de pauvres au sein d’une catégorie déterminée (les jeunes ou les vieux, les ouvriers ou les cadres, les hommes ou les femmes, etc.). Jamais ou presque on n’observe comment se compose la population des cinq millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté [1]. Quelle est la part des jeunes, de vieux, de diplômés ? Masquer cette répartition évite aussi d’attribuer un âge, un diplôme ou un milieu social à la pauvreté. On dispose pourtant d’éléments sur le sujet.

1,8 million de pauvres sont des enfants et des adolescents : ils représentent 36 % de l’ensemble des cinq millions de personnes pauvres. L’expression « enfants pauvres » est trompeuse car elle cache la pauvreté des parents. Ces enfants sont pauvres parce que leurs parents disposent de revenus insuffisants, notamment du fait du chômage, de bas salaires et du morcellement des temps de travail. Les jeunes adultes (20 à 29 ans) représentent 16 % des personnes pauvres. Il s’agit souvent de jeunes peu qualifiés, en difficulté d’insertion sur le marché du travail, au chômage et mal indemnisés. Les plus de 60 ans sont moins souvent concernés. 3,3% d’entre eux sont pauvres et ils représentent un dixième du total des personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Le chiffre paraît faible mais leur situation n’en est pas moins grave : une partie de ces personnes, notamment en milieu rural, survivent avec de très bas revenus et il est très peu probable que leur situation évolue, contrairement à celle des plus jeunes.

Plus souvent des femmes et des familles monoparentales

La pauvreté se vit d’abord en famille : 42 % des pauvres sont des couples avec enfant(s) et près d’un quart, des familles monoparentales. Au sein de ces familles, les taux de pauvreté sont sans rapport : moins de 6 % des couples avec deux enfants sont pauvres, contre 20 % des familles monoparentales. Les couples sans enfant représentent 9 % des personnes pauvres et les personnes seules 18,4 % 

Le sexe ne fait plus une très grande différence en matière de pauvreté. Ceci dit, les 2,7 millions de femmes pauvres (54 % du total) sont 364 000 de plus que les hommes. Une partie d’entre elles sont à la tête d’une famille monoparentale. On trouve aussi un certain nombre de veuves ayant eu de courtes durées de cotisations et de faibles pensions de réversion de leur mari.

Les deux tiers des pauvres ont au plus le CAP

L’absence de diplôme et le milieu social sont les caractéristiques clés pour comprendre la pauvreté. Les deux tiers des personnes démunies ont au plus le CAP. Qui dit absence de titre scolaire, dit (souvent) difficulté d’insertion sur le marché du travail, précarité et bas niveaux de vie. Le taux de pauvreté des personnes sans diplôme est de 10,4 %, contre 3,4 % pour les bac + 2. A l’autre bout de l’échelle, un dixième des personnes pauvres ont un diplôme supérieur à bac + 2.

Le faible niveau de diplôme conduit le plus souvent à une position sociale peu favorable. Les deux tiers des pauvres vivent dans un ménage dont la personne de référence est ouvrière, employée ou retraitée. Un grand nombre des retraités sont issus des milieux populaires. Les données sur les agriculteurs, artisans ou commerçants sont peu significatives et non comparables aux autres du fait de méthodes différentes de comptabilisation des revenus. Ceci dit, parmi elles, il existe des inégalités énormes et une part non négligeable des non-salariés disposent de très faibles niveaux de vie.

Le manque d’emploi au cœur de la pauvreté

Inactifs et chômeurs représentent à eux seuls 60 % des personnes pauvres. Une partie de ces inactifs sont des personnes découragées (notamment des femmes) de chercher du travail, face aux mauvaises conditions d’emploi (précarité, bas salaires, etc.). Un grand nombre de chômeurs, notamment les plus jeunes, ne disposent que de très faibles indemnités de chômage, bien inférieures au seuil de pauvreté (voir encadré ci-dessous). Un quart des chômeurs sont pauvres, soit 3 fois plus que la moyenne de la population. 681 000 salariés disposent d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, soit qu’ils travaillent à temps partiel avec de très bas salaires, soit qu’ils n’ont travaillé qu’une partie de l’année.

Immigrés : un quart de la population pauvre

La pauvreté frappe très lourdement les immigrés. Pour eux, on ne dispose que du seuil de pauvreté situé à 60 % du niveau de vie médian. Sur cette base, 38,1 % des personnes qui vivent dans un ménage immigré étaient pauvres en 2012, contre 13,9 % pour l’ensemble de la population. Au total, 2,2 millions de personnes vivant dans un ménage immigré étaient concernées (enfants compris), soit un quart de la population pauvre. Ce niveau s’explique par des niveaux de qualifications plus faibles, l’impact du chômage et des discriminations (5,3 millions d’emplois demeurent fermés aux étrangers non européens), mais aussi parce qu’il s’agit en moyenne d’une population plus jeune et vivant plus souvent en famille.

 

Les seuils de pauvreté utilisés

Dans cet article, nous utilisons le seuil fixé à la moitié du niveau de vie médian (revenu pour lequel la moitié touche plus, l’autre moins). Une personne est considérée comme pauvre dès lors que son niveau de vie (revenus après impôts et prestations sociales) est inférieur à 50 % du niveau de vie médian.
Le seuil de pauvreté à 50 % du revenu médian en 2014 s’élève à 840 euros pour une personne seule, à 1 260 euros pour un couple sans enfant, 1 764 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans et à 2 100 euros pour un couple avec deux enfants de plus de 14 ans. Le seuil est un niveau maximum au-delà duquel on n’est plus considéré comme pauvre, les personnes pauvres peuvent disposer d’un niveau de vie très inférieur.

Photo/ © Virginie de Galzain

Notes

[1] Nous utilisons le seuil de 50 % du niveau de vie médian.

Date de rédaction le 16 octobre 2012

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